Actualités

Mathilde, apprentie ingénieure spécialité Matériaux

1) Quel a été votre parcours avant d’intégrer la formation Ingénieur Matériaux de l’EICnam en partenariat avec Ingénieurs 2000 ?

Après l’obtention de mon baccalauréat général scientifique en 2018, j’ai intégré une Classe Préparatoire aux Grandes Écoles PCSI-PC (Physique, Chimie, Sciences de l’Ingénieur), une formation scientifique intensive de deux ans qui met notamment l’accent sur les mathématiques, la physique et la chimie. À l’issue de cette prépa, j’ai opté pour l’Ecole d’ingénieurs Polytech Sorbonne, dans la filière Matériaux, domaine qui m’intéressait déjà grandement.

J’ai ensuite fait le choix de l’alternance avec la formation Ingénieur Matériaux de l’EICnam (Ecole d’ingénieurs du Conservatoire National des Arts et Métiers) proposée en partenariat avec le CFA Ingénieurs 2000.

2) Pourquoi avoir choisi cette formation ? Quels sont les points forts de cette formation ?

Tout d’abord, cette formation est proposée en alternance et elle est axée sur la science des matériaux, un domaine qui me passionne !

L’alternance offre de nombreux avantages : ces études permettent d’appréhender le monde du travail de façon plus concrète et de définir avec précision son projet d’orientation pour la suite de sa carrière grâce à une expérience professionnelle plus riche. Dans une formation théorique, il est plus difficile de se projeter réellement dans son futur métier d’ingénieur malgré les stages à réaliser à chaque fin d’année.

Ayant expérimenté ces deux types de cursus, je considère que dans les formations sous statut étudiant, hormis le stage réalisé en fin de cursus (de durée égale à 6 mois), les autres périodes professionnelles (généralement de 6 semaines en première année et de 3 mois en deuxième année) offrent peu de temps à l’étudiant pour acquérir autant de compétences techniques qu’en alternance où l’immersion dans l’entreprise d’accueil se fait sur le long terme et permet ainsi d’approfondir son sujet d’étude.

J’ai pris le temps et la réflexion nécessaire pour construire mon projet académique et professionnel. Ayant un fort attrait pour les sciences, j’ai réalisé que celles-ci me permettraient de combiner mon intérêt pour plusieurs secteurs tels que l’histoire (e.g. conservation des œuvres d’art) ou bien la défense (e.g. modélisation des structures) avec, en plus, une sécurité de l’emploi plus grande et la possibilité de contribuer à des progrès scientifiques à l’échelle internationale.

C’est une des raisons pour laquelle, je me suis naturellement engagée dans les sciences des matériaux, domaine qui met en jeu de la physique et des connaissances techniques mais aussi offre la possibilité de travailler dans une panoplie de secteurs (défense, histoire ou encore électronique, aéronautique, maroquinerie, cosmétique…). Les alternatives de formations après l’obtention du diplôme d’ingénieurs en matériaux sont également nombreuses (économie, développement durable, innovation…). Par ailleurs, l’ingénierie des matériaux est une compétence recherchée et valorisée par les employeurs.

Pour ma part, je suis apprentie ingénieure depuis trois ans. Cette expérience m’a permis d’assimiler les codes professionnels et d’acquérir une grande capacité d’adaptation en entreprise. L’alternance permet réellement d’approfondir ses connaissances et d’évoluer de façon continue dans un environnement de travail où l’alternant est formé et accompagné par un Maitre d’apprentissage qui a pour objectif de transmettre ses connaissances et son savoir-faire. Suivre un cycle d’ingénieur en apprentissage permet également d’être indépendant au niveau financier. Dans mon cas, à l’avenir je souhaiterais également pouvoir contribuer au bon développement de mon entreprise en tutorant un apprenti ingénieur.

D’autre part, le Conservatoire National des Arts et Métiers est une institution prestigieuse et historique qui forme des ingénieurs depuis 1794 au sein de l’EICnam. Les cours sont dispensés par d’excellents professeurs (le plus souvent des maîtres de conférences) qui savent intéresser les élèves et les conseiller convenablement. En tant qu’apprentie dans cet établissement, il est aussi possible de bénéficier gratuitement des cours du soir. Cette opportunité m’a permis d’apprendre de nouvelles matières dans d’autres domaines et d’élargir ainsi mon champ de connaissances.

3) D’après vous, en quoi cette formation a de l’avenir ?

Les formations d’ingénieur en apprentissage ont le vent en poupe. En effet, l’expérience professionnelle, notamment au cours d’une formation d’ingénieur, est grandement valorisée. Un candidat doté d’une telle expérience professionnelle est avantagé contrairement à des étudiants qui auraient suivi une formation essentiellement théorique.

Par ailleurs, le secteur des matériaux est un domaine passionnant et vaste qui a un besoin croissant d’ingénieurs au vu des progrès et des enjeux actuels. Se lancer dans cette voie permet de bénéficier d’une multitude de possibilités mais également d’un salaire conséquent lié aux responsabilités que le métier d’ingénieur implique.

Cette formation propose par ailleurs une gamme de connaissances indispensables au savoir-faire et au savoir-être d’un ingénieur. Les projets proposés sont passionnants et m’ont beaucoup appris en seulement trois ans ! Les ingénieurs issus de l’EICnam bénéficient d’une formation qui leur permet d’aborder avec sérénité la suite de leur carrière.

4) Comment s’est déroulée votre recherche d’entreprise ? Lors de l’entretien, qu’est-ce qui a fait la différence ?

Pour ma part, je dois avouer que la recherche d’une entreprise s’est avérée assez ardue. Avant de réaliser cette formation, je n’avais presque aucune expérience professionnelle, ma formation précédente étant principalement théorique (CPGE). Par ailleurs, je n’avais découvert cette formation que vers le mois de juin. Ainsi, plusieurs fois j’ai failli abandonner ma recherche d’entreprise, découragée, mais heureusement mon entourage, notamment ma mère, était là pour me soutenir.

Finalement, j’ai été embauchée à STMicroelectronics vers la fin du mois d’août alors qu’il ne restait plus qu’une place dans la formation, preuve qu’il est important de ne jamais baisser les bras.

L’entretien à STMicroelectronics s’est déroulé en plusieurs étapes. Tout au long de ce processus, j’ai cherché à être la plus réactive et la plus précise possible. Au cours de l’entretien, j’ai cherché à démontrer quelles compétences je pouvais apporter à l’entreprise par des arguments illustrés avec des exemples concrets. La curiosité intellectuelle et la pratique de plusieurs langues étrangères peut s’avérer être un point fort non négligeable. J’ai appris plus tard que ma maîtrise de l’anglais était un élément qui m’avait avantagée par rapport à d’autres candidats. Je vous conseille de vous préparer à un entretien en anglais !

5) Pouvez-vous décrire vos missions au sein de votre entreprise STMicroelectronics ?

STMicroelectronics est une entreprise qui fabrique des composants électroniques. Mon travail, situé dans un département lié à la recherche, vise à trouver un matériau adéquat sur lequel déposer la puce électronique dans le cadre de l’assemblage du composant. Par conséquent, j’ai réalisé en première année de la veille scientifique pour en apprendre plus sur ce sujet assez vaste. J’ai également appris à réaliser un assemblage en salle blanche. Une de mes autres tâches est de rester en contact avec les fournisseurs afin de discuter des produits testés et de pouvoir les introduire sur le site, en respectant les règles liées au département EHS (Environment, Health and Safety). J’ai mis en œuvre un plan d’expériences afin d’optimiser le procédé d’assemblage sur lequel je travaille.

D’autre part, comme dans toute Ecole d’ingénieurs, j’ai réalisé une session à l’international de trois mois à l’étranger. Au cours de ce stage, j’ai eu le plaisir de travailler dans l’entreprise ABO Wind, à Wiesbaden (Hesse, Allemagne). Le bureau auquel j’étais affectée était lié à la production de panneaux solaires. Mon travail concernait sur les supports de montage des panneaux photovoltaïques, dans le domaine de la qualité et de l’approvisionnement. En qualité, mon objectif a été d’apprendre puis d’enseigner à mon équipe à utiliser un appareil dont la fonction est de mesurer l’épaisseur des revêtements. En effet, pour assurer la protection des structures en acier face à la corrosion, il est nécessaire d’appliquer un revêtement protecteur. J’ai également étudié les normes en lien avec la corrosion (qui spécifient les épaisseurs de revêtement minimales à appliquer) et j’ai contrôlé des supports de panneaux solaires sur des chantiers. En matière d’approvisionnement, j’ai pu découvrir les législations et les considérations économiques et géopolitiques en lien avec les sciences des matériaux : il m’a été possible d’assister mon tuteur pour réaliser les étapes nécessaires à l’achat des supports (devis, comparaison des fournisseurs, révision des contrats…). J’ai également eu la chance de visiter l’usine d’un fournisseur où sont pratiquées la mise en forme puis la galvanisation de pièces en acier dont les supports de panneaux photovoltaïques.

6) Un message pour encourager davantage de jeunes filles à emprunter une voie scientifique et devenir ingénieure ?

Les sciences sont un domaine vaste en termes d’opportunités et de connaissances. Les propositions d’emploi y sont très nombreuses d’autant plus que les femmes sont mises sur un piédestal du fait du pourcentage encore faible de femmes dans l’industrie.

Les ingénieurs bénéficient le plus souvent d’un salaire et d’une sécurité de l’emploi plus élevés que dans d’autres domaines ainsi que d’une reconnaissance au quotidien, en tant que scientifique. Exercer dans les sciences peut permettre de combiner plusieurs intérêts aisément (médecine, arts…).

Pour toutes celles qui aiment voyager, être ingénieure peut s’avérer être la profession idéale. En effet, les projets, qui se font généralement à l’échelle internationale, impliquent de devoir se déplacer plus ou moins fréquemment dans certains postes d’ingénieur en matériaux.

Beaucoup de femmes doutent de leur capacité à réaliser une carrière scientifique mais ceci n’a pas lieu d’être. Nous avons toute la capacité d’exceller dans ce domaine, il suffit de s’en donner l’opportunité. Les obstacles sont intrinsèques à tous les parcours mais ils ne servent en réalité que de tremplin vers la réussite !